Orsay 2007
Création contre Évolution?
24 et 25 mars 2007 à Orsay
Évolution contre création, création contre évolution. On sait les polémiques, les controverses et les procès qui ont opposé ces deux termes depuis la publication des théories de Darwin et Wallace au XIXe siècle. La dispute a toujours été vive en particulier aux Etats-Unis. Il y a eu naguère le «procès du singe», et des tentatives fréquentes pour obliger les professeurs de biologie à enseigner autant les théories de la «création» que celles de l’«évolution». Aujourd’hui, on parle beaucoup de l’«intelligent design», une théorie qui viendrait combler le défi cit des sciences actuelles dans leur explication de la complexité irréductible des choses par les lois de la nature et de la sélection naturelle. Depuis quelques mois, la polémique autour de l’«intelligent design» s’est invitée de ce côté-ci de l’Atlantique.
Cette expression d’«intelligent design» est difficile à traduire en français, car «design» peut se traduire par dessein, configuration, projet… et le terme «intelligent» par intelligence, mais aussi par raison, sens… La question sous-jacente concerne les fondements de l’intelligibilité de la nature par la raison humaine, la pertinence des modèles qui décrivent les phénomènes, la question de la finalité et du hasard dans l’évolution et dans l’ensemble du cosmos. Pour les uns, l’actualité de l’«intelligent design» marquerait un retour à peine
masqué du fondamentalisme; pour d’autres, elle ouvrirait de nouvelles manières d’envisager les rapports sciences-foi et donnerait une nouvelle chance à la spiritualité?
L’objectif du colloque n’est pas d’en rajouter à la polémique, mais de débattre et d’avancer, de mieux discerner les enjeux des questions soulevées pour dépasser les oppositions simplistes.
Programme
Samedi 24 mars 2007, matinée
– À partir de 10h00 accueil
– 10h45 Introduction
– 1ère conférence: Philippe GAGNON, philosophe, théologien (Gatineau, Québec), Contenu, enjeux et diversité des acceptions de l’Intelligent Design en contexte étasunien
Samedi 24 mars 2007, après-midi
– 2e conférence: Hervé LE GUYADER, professeur de biologie (Université Paris 6), La théorie de l’évolution aujourd’hui
– 3e conférence: Marc GODINOT, directeur d’études (Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris), Évolution: approche historique et origine de l’Homme
– Carrefours thématiques (Hasard et probabilité; Finalité : téléonomie, téléologie et cosmologie; Le dessein de Dieu dans la tradition néo-testamentaire et patristique; Un théologien face à l’ID: John Haught; Epistémologie de la question science-foi; Les lois de la nature et la théologie; L’évolution aujourd’hui; Carrefour spécial « jeunes »; Comment dis-je ma foi en la création aujourd’hui ?; DVD sur l’ID. Comprendre l’ID)
– Séance de «posters» (affiches): présentation des travaux des groupes et personnes présentes
Dimanche 25 mars 2007, matinée
– 9h00 Célébration eucharistique et œcuménique
– 4e conférence: Jacques ARNOULD, théologien (Paris), Quelle théologie après Darwin ?
Dimanche 25 mars 2007, après-midi
– Table-ronde avec les quatre intervenants
– Discussion sur l’avenir du Réseau Blaise Pascal
– Fin à 16 heures
Les carrefours
Hasard et probabilité
Le mot « hasard » a différentes significations ; au sens d’aléatoire (comme en théorie des probabilités) le hasard est une notion pertinente dans la plupart des sciences expérimentales : physique, chimie, biologie…. Par contre ce sens du mot « hasard » n’est pas adéquat pour évoquer les événements historiques : on ne peut évaluer maintenant la probabilité que la bataille de Waterloo soit perdue. Le cas de l’histoire naturelle est délicat car intermédiaire entre les deux domaines précédents. Dans l’histoire de l’évolution, on doit tenir compte des notions de « hasard aléatoire » et de hasard, au sens de rencontres de séries causales indépendantes.
Finalité : téléonomie, téléologie et cosmologie
Le carrefour visera à établir une discussion sur quelques notions philosophiques qui sont souvent au cœur de ce que l’épistémologie des sciences classiques nous avait appris à considérer comme une « explication scientifique » d’un phénomène naturel ou d’une observation. Ces notions se trouvent largement re-questionnées dans le contexte des sciences contemporaines et des nouveaux paradigmes qu’elles semblent véhiculer. Elles sont souvent mobilisées dans les débats sur le « dessein intelligent » et demandent donc des éclairages
Le dessein de Dieu dans la tradition néo-testamentaire et patristique
Il s’agit de faire une enquête dans la tradition chrétienne pour voir comment se posait la question et comment les propos des Pères peuvent éclairer la situation contemporaine.
Un théologien face à l’ID : John Haught
John Haught, théologien américain né en 1942, fait partie du petit nombre de catholiques engagés « professionnellement » dans le dialogue entre la théologie et les sciences de la nature. Parallèlement à son enseignement universitaire (Georgetown), il est l’auteur de nombreux ouvrages, traduits en plusieurs langues. Sa pensée est principalement influencée par le philosophe anglo-américain Alfred North Whitehead, initiateur de la philosophie du « process », et par le jésuite français Pierre Teilhard de Chardin. Ses travaux portent donc surtout sur la rencontre de la théologie chrétienne avec la vision évolutive contemporaine du monde. Il insiste sur la solidarité de l’humanité avec la nature, tout en se gardant de tomber dans le naturalisme. Mais cette humanité a la responsabilité de faire réussir l’histoire de la nature. Cela rencontre un Dieu de la promesse, un Dieu qui « promet et se rapporte au cosmos non pas en le contraignant à partir du passé, mais en l’ouvrant à un avenir vivant et imprédictible ». C’est donc une théologie nouvelle, en fait profondément biblique, qui se dessine.
L’atelier présentera les grandes composantes de la théologie de John Haught, en s’aidant de textes traduits en français.
Epistémologie de la question science-foi
Dans les controverses sciences-théologies, on sait qu’il manque souvent le tiers terme philosophique. Comment distinguer le type de connaissance que produisent les sciences et ce qu’apporte la théologie ? Peut-on discerner parmi les représentations qui nous imprègnent consciemment ou non, celles qui nous font prêter aux sciences ou à la théologie des ambitions qu’elles ne peuvent assumer ? La philosophie peut-elle nous aider à expliciter ces représentations et ainsi créer les conditions du dialogue ? Que renferme l’ambition de la rationalisation ?
Le darwinisme, font remarquer ses opposants, fait le lit de l’athéisme. Est-ce le cas de toute science ? Peut-on distinguer la méthode scientifique, athée par principe, et les prolongements philosophiques matérialistes ? Comment se pose la question métaphysique à notre époque ? Les connaissances scientifiques sont-elles indépendantes de positions philosophiques qu’adoptent leurs auteurs ?
Les lois de la nature et la théologie
La révolution scientifique du dix-septième siècle a amené avec elle une façon renouvelée de concevoir l’ordre naturel. La notion de création et son corollaire, le règne divin universel, fournirent aux pères de la science moderne le cadre théologique qui leur permit d’exprimer leur vision nouvelle de l’ordre naturel et l’introduction de l’idée de lois de la nature. Sur l’arrière-fond des débats sur les rapports entre création et théories scientifiques sur le devenir de l’univers et des êtres vivants, il est pertinent de signaler le lieu précis dans lequel intervenaient ces considérations théologiques : elles ne tiraient pas avantage des trous de l’explication scientifique, mais se situaient en amont de l’activité scientifique elle-même, en lui fournissant un soubassement métaphysique favorable au dépassement de la science aristotélicienne.
L’évolution aujourd’hui
Le carrefour proposé permettra de revenir si besoin est sur les interventions de la journée ayant trait à l’évolution (H. Le Guyader, M. Godinot). On pourra faire le point sur les contresens plus ou moins inconscients que le profane (et même parfois le professionnel) peut faire quand il raisonne sur l’adaptation, la sélection, etc… On pourra discuter des faits majeurs de l’histoire de la terre qui ont amené à l’émergence de l’homme, et sur l’impossibilité de prédire le futur.
Carrefour spécial « jeunes »
S’ils le souhaitent, les jeunes participants au colloque sont invités à se retrouver pour échanger entre eux sur les conférences, et sur les questions qu’ils se posent. Ils y seront aidés par un animateur théologien, travaillant comme ingénieur dans un laboratoire de biologie.
Comment dis-je ma foi en la création aujourd’hui ?
Dans notre société marquée à la fois par la sécularisation, une grande influence du discours scientifique et par une fragmentation du religieux, que disons-nous comme croyants ? Comment formulons-nous les mots de notre foi ? Il ne s’agit pas ici de refaire une norme, mais de tenter de s’éclaircir mutuellement sur les voies possibles d’un discours théologique pratique et d’une confession de foi audible et « crédible » pour aujourd’hui.
DVD sur l’ID. Comprendre l’ID
Il s’agit de visionner un film expliquant plus avant la théorie de l’« Intelligent Design » (ou Dessein Supérieur).
Lieu du colloque: La Clarté-Dieu à Orsay
La maison de la Clarté-Dieu se trouve à Orsay (91400) 95 rue de Paris (Tél. 01 69 28 45 71).
Préparation
Dossier de préparation Un dossier de présentation du colloque a été proposé (voir ci-contre). Il expose quelques pistes de réflexion. Chaque groupe/personne a été invité à réagir en apportant sa contribution au débat. Les textes ci-dessous nous sont parvenus.